- impérialisme
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• 1880; angl. imperialism; 1832 « doctrine des partisans du régime impérial »; de impérial1 ♦ Politique d'un État visant à réduire d'autres États sous sa dépendance politique, économique ou militaire. ⇒ colonialisme, expansionnisme. L'impérialisme britannique au XIX e siècle. — Théorie des partisans de cette politique.♢ Spécialt (vocab. marxiste) Stade du capitalisme au cours duquel le capital financier a pris la suprématie. « L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme », œuvre de Lénine.2 ♦ Fig. Tendance à la domination morale, psychique, intellectuelle. « Il risquait de gâcher notre amitié par son impérialisme, et je ne m'y opposais pas ! » (Beauvoir). — L'impérialisme d'une science dans un ensemble de connaissances.Synonymes :impérialismen. m. Politique d'un état qui cherche à étendre sa domination politique ou économique au détriment d'autres états.⇒IMPÉRIALISME, subst. masc.A. — Tendance favorable au régime impérial, à tel empereur ou à telle impératrice. À Auxerre, Napoléon III réchauffe l'impérialisme campagnard contre les traités de 1815 (AMIEL, Journal, 1866, p. 279).B. — Tendance à constituer un empire; tendance d'un État à mettre d'autres États sous sa dépendance politique, économique, culturelle; doctrine correspondante. Impérialisme américain, soviétique. Vous avez été complices et de l'impérialisme romain et de la féodalité (MICHELET, Journal, 1846, p. 654). Votre impérialisme [des Anglais] est un coup de filet sur le monde (THARAUD, Dingley, 1906, p. 37) :• Dans son ouvrage l'Impérialisme, stade suprême du capitalisme, Lénine a montré que l'impérialisme est la continuation de toutes les propriétés fondamentales du capitalisme.BOUV.-IBAR. 1975.— P. méton. Gouvernement, puissance impérialiste. Fins ignobles que visent les impérialismes qui les paient [les espions] (NIZAN, Conspir., 1938, p. 66).C. — Toute domination, toute suprématie exercée par quelqu'un ou quelque chose (institution, théorie) sur une personne ou une chose. Vous ne traitez jamais les gens à égalité (...); votre générosité, c'est de l'impérialisme (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 157). L'histoire s'est saisie (...) de toutes les sciences de l'humain; (...) elle s'est abandonnée à un impérialisme juvénile (Traité sociol., 1967, p. 87). V. aussi bureaucratique ex. 2.Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1832 « doctrine, esprit favorables au régime napoléonien » (L. DE CORMENIN, Libelles politiques, II, 187 ds QUEM. DDL t. 12); 2. 1846 « système de gouvernement et de domination de l'Empire romain » l'impérialisme romain (MICHELET, loc. cit.); 3. 1880 Imperialism « expansionnisme dans des colonies, politique d'extension de l'Empire britannique » (HOSEMANN, Figaro, p. 5, col. 2, 4 février ds BONN., p. 76); 1900 l'impérialisme anglais (BARRÈS, Cahiers, t. 2, p. 169). Dér. de impérial; suff. -isme. Pour le sens 3, empr. à l'angl. imperialism attesté dans cet emploi dep. 1878 (cf. NED et NED Suppl.2). Fréq. abs. littér. : 128. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 319. - JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 66. - MAULNIER (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 113-117.
impérialisme [ɛ̃peʀjalism] n. m.❖1 Tendance favorable à l'Empire, à un régime impérial.2 (1880; angl. imperialism, de imperial « de l'empire [britannique] »). Politique d'un État visant à « réduire d'autres États sous sa dépendance politique ou économique » (Capitant), notamment par la colonisation. ⇒ Colonialisme, expansion, expansionnisme; empire (colonial). || L'impérialisme britannique, français, américain, russe. || Formes politiques (⇒ Colonisation), formes économiques de l'impérialisme. || Impérialisme politique, économique, religieux. — Doctrine, théorie des partisans de cette politique. — Spécialt (dans la terminologie marxiste). « Stade du capitalisme au cours duquel le capital financier a pris la suprématie sur toutes les autres formes du capital » (Romeuf, Dict. des Sciences économiques). || L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme, œuvre de Lénine.1 L'Europe commençait à ne plus savoir s'entendre à l'amiable en ce qui regardait la conquête et l'exploitation paternaliste du monde. Le mot d'impérialisme se prononçait beaucoup. Et comme la notion qu'il implique est à la fois dynamique et agressive, la politique européenne, dans son expansion planétaire, après avoir été un gentleman's agreement entre concurrents qui tâchaient de rester courtois, tendait à devenir un conflit d'impérialismes.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXVII, p. 258.2 (…) il allait ainsi fournir, non seulement à la Grande-Bretagne, mais à ses anciens alliés, un instant pacifiés, les prétextes qu'on cherchait peut-être, de Londres à Pétersbourg, pour crier de nouveau à l'hégémonisme et, comme nous dirions aujourd'hui, à « l'impérialisme ».Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, XVIII.3 Sous la pression (…) des impérialismes adverses naît (…) avec Lénine, l'impérialisme de la justice. Mais l'impérialisme, même de la justice, n'a d'autre fin que la défaite, ou l'empire du monde.Camus, l'Homme révolté, p. 287.3 (V. 1960). Fig. Tendance à la domination morale, psychique (personnes), intellectuelle (personnes; abstractions).4 Il risquait de gâcher notre amitié par son impérialisme, et je ne m'y opposais pas !S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 265.5 Déjà le conflit entre les valeurs officielles et celles des écrivains s'effaçait devant l'impérialisme provocateur de toute histoire de la littérature.Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 8.
Encyclopédie Universelle. 2012.